Alain DumasAlain Dumas, mai 2019

La Suède est souvent citée comme un modèle social dans le monde, mais qu’en est-il dans le domaine forestier?  Compte tenu que la Suède, comme le Québec, est un territoire nordique et que la forêt a toujours occupé une place importante dans la vie (et parfois même dans la survie) de son peuple, quel est l’état de son secteur forestier

Même si la Suède et le Québec sont des petites économies, ce sont deux joueurs importants dans la production mondiale de pâtes à papier et de papiers. Cependant, avec un peu moins de 1 % des forêts de la planète, la Suède produit 4 % du papier et 6 % du bois scié dans le monde, et réalise 10 % des exportations mondiales des produits de la forêt.

Le développement durable de la forêt

Là où la Suède se différencie du Québec, c’est au niveau du rendement de sa forêt, lequel est quatre fois plus élevé qu’ici. La Suède abat quatre fois plus de mètres cube de bois que le Québec tout en exploitant moins de superficie de forêt que nous. Si le film L’erreur boréale de Richard Desjardins a choqué les Québécois sur l’état pitoyable de leur forêt, la prise de conscience des Suédois remonte à très loin. Alors que le Québec a commencé à prendre au sérieux le reboisement de son territoire à la fin des années 1980, la Suède s’est mise au travail dès le début du XXe siècle. C’est pourquoi la Suède a pu doubler le volume de sa forêt depuis les années 1920, alors que le volume de bois sur pied au Québec a diminué de 25 % entre 1970 et 2013.

Les forêts de la Suède produisent un rendement quatre fois plus élevé que celles du Québec, mais ce rendement n’est pas obtenu sans conséquences.

Le modèle de développement durable de la forêt suédoise a permis de conserver un niveau d’emploi élevé, alors que le Québec connaît un déclin accéléré de l’emploi depuis 25 ans. Aujourd’hui, on compte 200 000 emplois dans l’industrie forestière suédoise, comparativement à 60 000 au Québec.

La faiblesse du modèle de la Suède

Le modèle suédois a cependant une faiblesse : la perte de biodiversité de leur forêt et des habitats naturels de la faune. Même si le modèle de développement suédois est durable, la perspective d’exploitation forestière optimale est dommageable pour la diversité des types d’arbres. Les Suédois défenseurs de l’environnement constatent aujourd’hui que la faune et les espèces de plantes sont de plus en plus menacées. Ils réclament plus de territoires protégés. Ce n’est pas l’avis des producteurs de bois qui y voient un empêchement à leur approche productiviste. Ils considèrent que les 10 % du territoire affectés aux réserves naturelles et aux parcs nationaux sont suffisants. Mais le fait que ces zones protégées sont difficilement accessibles, parce qu’elles se trouvent en haute altitude ou dans le nord du pays, le gouvernement suédois a récemment tranché la question en achetant des territoires privés pour créer de nouvelles réserves naturelles. Comme quoi une certaine forme de développement durable peut nuire à la préservation des écosystèmes.

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