Par Carol-Ann Rouillard, juin 2018

La parité femmes-hommes au sein des milieux politiques et artistiques, est un sujet en vogue depuis quelques semaines, c’est le moins que l’on puisse dire. Signe que « l’égalité hommes-femmes est une valeur fondamentale au Québec », la parité apparait comme un élément constitutif de cette égalité.

Dans l’espace public, on assiste à un débat polarisé, entre la volonté de s’assurer de la compétence des personnes élues et les valeurs d’égalité entre les hommes et les femmes.

Les femmes ne veulent pas être recrutées uniquement en raison de leur sexe et les gens veulent que l’on cherche à recruter les personnes les plus compétentes possibles, soit. Mais a-t-on cherché à savoir pourquoi les femmes sont encore minoritaires en politique ? On dit souvent que c’est parce qu’elles ne veulent pas. Je ne sais plus combien de personnes politiques (hommes et femmes, de différents partis) j’ai entendues tenir un tel discours. Les femmes ne veulent pas ! Voilà l’argument ultime justifiant le maintien du statu quo !

Malgré des progrès intéressants concernant la présence des femmes élues à l’Assemblée nationale du Québec, la parité femmes-hommes est encore loin d’être atteinte. Les femmes comptent pour 27 % de la députation actuelle.
Crédits : Assemblée nationale du Québec

Avant d’avancer ce contre-argument, s’est-on seulement demandé si, peut-être, la façon d’approcher les femmes afin qu’elles se lancent en politique devrait être différente de celle dont on approche les hommes ? Souligner leurs forces et leurs compétences plusieurs années à l’avance pour qu’elles aient le temps de se préparer et murir leur décision, par exemple. Parce que, la décision de se lancer ou non en politique se fait différemment pour les femmes et les hommes et parce que, souvent, les femmes se dévalorisent alors que les hommes se surestiment, les études le démontrent.

A-t-on également cherché à élargir le réseau dans lequel on recrute ? Je ne vous apprends rien, il existe des milieux d’emplois composés à majorité de femmes et d’autres à majorité d’hommes. Le hic, c’est que les partis tendent encore à recruter dans des milieux composés encore à majorité d’hommes comme le droit ou la finance. Pourtant, les femmes sont majoritaires dans des milieux qui ont des réalités dont la politique pourrait bénéficier. Comme le milieu communautaire, voilà un endroit où l’on fait des miracles avec de si petits budgets ! Pourquoi se prive-t-on de personnes qui ont ces compétences ?

Est-ce que la mise en place de quotas en politique suffirait à atteindre l’égalité ? Non.

Pour être réellement égalitaire, la représentation ne peut reposer que sur des chiffres. Elle doit aussi reposer sur une représentation des idées et de l’influence. Or, toutes les femmes ne sont pas féministes – ce n’est pas un pré-requis pour être Ministre de la Condition Féminine, alors ce l’est encore moins pour être députée. La représentation ne peut être égalitaire que si toutes les personnes élues sont sensibilisées aux enjeux d’égalité et que cette sensibilité guide leur prise de décisions.

Mais est-ce que l’on peut atteindre l’égalité de représentation sans quotas ? Encore une fois, la réponse est non. Sans mesures permettant de corriger un système qui, historiquement, avantageait les hommes et désavantageait les femmes, les changements seront lents, très lents et loin d’être acquis.

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