Alex Dorval – Juillet 2020 

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation (MAPAQ), André Lamontagne, prévoit miser sur l’électrification des serres pour faire progresser le Québec vers une plus grande autonomie alimentaire. De son côté, Jean-Nick Trudel, directeur de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ) nous invite à penser collectivement cette quête d’autonomie alimentaire dans une perspective d’inclusion sociale.

Certes, l’électrification du secteur de la serriculture permettrait un approvisionnement annuel, mais l’autonomie alimentaire ne saurait se résumer, selon M. Trudel, à la notion d’achat local et uniquement aux produits maraîchers. Il serait réducteur, nous dit-il, de penser l’autonomie alimentaire sans aborder les enjeux de la sécurité alimentaire.

« C’est de bon augure de porter et de revendiquer de belles valeurs autour de l’alimentation. Cependant, si on aborde le thème de l’autonomie alimentaire sans y mettre les efforts pour nourrir convenablement nos concitoyens le plus vulnérables, ces valeurs deviennent des facteurs d’exclusion, et au final, se nourrir d’aliments sains produits localement n’est réserver qu’à certaines classes de notre société. » lance M. Trudel.

Un projet inspirant

Le projet Carte Proximité : fermière et solidaire lancé à la mi-juin par le Carrefour d’alimentation du Centre-Sud de Montréal est un bel exemple d’innovation sociale et alimentaire selon le directeur de l’AMPQ.

Il s’agit d’une carte magnétique qui peut être échangée dans plusieurs commerces qui travaillent en circuits-courts. Elle sera distribuée gratuitement par des organismes communautaires en sécurité alimentaire dans plus de 800 ménages vulnérables par année. Selon la taille du ménage, ceux-ci recevront de 25$ à 100 $ par mois pendant 4 mois.

Des systèmes similaires de « coupons alimentaires » sont monnaie courante ailleurs dans le monde et même à quelques endroits au Québec, mais l’unicité de ce projet est de diriger les bénéficiaires de la mesure vers des aliments frais et locaux. Le directeur de l’AMPQ émet le souhait que cette initiative fasse des petits et que les acteurs politiques et de développement prennent acte du potentiel socio-économique de l’alimentation saine de proximité.

Les moyens de nos ambitions

M. Trudel reconnaît que le secteur bioalimentaire québécois souhaite en faire beaucoup plus comparativement aux moyens financiers dont il bénéficie et estime que cela s’applique également aux professionnels du ministère de l’Agriculture qui épaulent le développement du secteur avec passion.

Pour favoriser l’inclusion, le directeur évoque ainsi l’importance du lien social au-delà du lien nutritionnel. Les marchés publics et les autres modes de commercialisation en circuit court peuvent jouer ce rôle de levier social qui améliore le « mieux vivre ensemble » et sécurise notre alimentation, soutient-il.

Pour parvenir à faire une quête d’autonomie alimentaire inclusive, le directeur soutient qu’il faudrait « avoir l’audace d’encourager davantage l’achat local en octroyant, par exemple, des crédits d’impôts ou des incitatifs financiers à ceux qui ne peuvent s’approvisionner dans les marchés publics ou auprès du Réseau des fermiers de famille (RFF). »

Des pistes de solution

Pour mettre en chantier un projet inclusif d’autonomie alimentaire au Québec, M. Trudel n’est pas à court d’idées. Il propose ainsi quelques pistes simples et audacieuses :

  • Soutenir financièrement les agriculteurs choisissant la vente de proximité.
  • Accorder de meilleures perspectives de financement pour les initiatives collectives en alimentation, comme les marchés publics.
  • Récompenser les épiciers et marchands qui favorisent l’achat local
  • Soutenir la relève agricole et s’inscrire en lien avec les valeurs de ces nouvelles générations
  • Informer les citoyens et consommateurs sur la valeur sociale de l’agriculture et de l’alimentation locale.

De fait, Jean-Nick Trudel invite tant le gouvernement que les citoyen(nes) à jouer leur rôle dans ce grand chantier de l’autonomie alimentaire du Québec, tout en insistant à ce que cela soit aux bénéficie du plus grand nombre.

Article rédigé dans le cadre de notre dossier agroalimentaire DES PLANTS POUR L’AVENIR:

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