alain-transAlain Dumas, économiste

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Depuis les années 1980, nous traversons une crise économique tous les 7 ans en moyenne. De crise en crise, des millions de personnes sont touchées par le chômage et l’exclusion, et les écarts de revenu et de richesse ne cessent de se creuser. Et si on pensait l’économie autrement.

Le constat est accablant : la concentration de la richesse est revenue aux sommets atteints au début du XXº siècle. Même le Fonds monétaire international (FMI) s’inquiète de la situation. Dans une étude portant sur 150 pays, le FMI concluait l’an dernier que la hausse des inégalités nuisait à la croissance économique.

Qui dit concentration de la richesse, dit concentration du pouvoir économique et du coup, déficit démocratique. Il va de soi que nous perdons la maîtrise de notre économie depuis une trentaine d’années.

Cette perte de maîtrise découle du détournement du sens de l’économie. À l’origine, l’économie, du grec « oikos nomos », était un moyen pour mieux répondre aux besoins de tous. Cette vision a été remplacée par une autre, véhiculée par le discours dominant, qui accorde la priorité à la maximisation du profit privé. L’économie est donc devenue une fin en soi.

Une économie plus démocratique

Cette réalité pousse un nombre grandissant de personnes à choisir l’économie sociale comme alternative. L’économie sociale comprend diverses formes d’entrepreneuriat collectif, dont les coopératives et les organismes à but non lucratif (OBNL). Dans les entreprises d’économie sociale, ce sont les membres qui exercent le contrôle démocratique à parts égales.

Le but de l’économie sociale n’est pas le profit individuel, mais la rentabilité économique et sociale, qui consiste à répondre aux besoins de ses membres et des communautés impliquées, en offrant des services ou des produits de proximité de toutes sortes (culturel, social, etc.) ainsi que des emplois.

À l’heure où la mondialisation pousse les entreprises à délocaliser la production et les emplois, l’économie sociale joue un rôle important dans le maintien et la revitalisation de certaines localités. Citons en exemple la Coop du coin de Saint-Adelphe, qui réunit sous un même toit divers services (épicerie, poste, quincaillerie, etc.).

L’économie sociale est aussi plus féminine, comme en témoigne la forte implication des femmes dans ce secteur. Une étude réalisée par l’Université du Québec à Trois-Rivières, en partenariat avec le Pôle d’économie sociale de la Mauricie, montre que la place des femmes dans l’économie sociale est très importante. Elles y occupent 65,5 % des postes de direction et 78,3 % des postes réguliers.

Une importance grandissante

Au Québec, l’économie sociale occupe une place de plus en plus importante : elle comprend 7 000 entreprises qui emploient plus de 125 000 personnes, avec un chiffre d’affaires de 17 milliards de dollars qui correspond à 8 % du PIB québécois, soit plus que l’industrie de la construction.

L’économie sociale permet donc d’améliorer les conditions socio-économiques des personnes, non seulement en créant des milliers d’emplois plus stables, mais aussi en comblant de nombreux besoins réels (centre de la petite enfance, aide à domicile, tourisme de proximité, culture, médias, environnement, etc.).

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