D.Lemay_Web Diane Lemay, mai 2016

« La bicyclette a fait plus pour l’émancipation des femmes que n’importe quelle chose au monde. Je persiste et je me réjouis chaque fois que je vois une femme à vélo ».

Susan B. Anthony, militante américaine des droits des femmes,  1896

Il faut savoir pour la comprendre que faire du vélo n’est pas tout à fait une chose convenable pour une femme à l’époque. Certains médecins craignent que cette activité soit dangereuse pour leur système reproducteur. La bicyclette est aussi accusée de les détourner de leur devoir conjugal, un certain docteur O’ Followel écrivant même que par le frottement des lèvres et du clitoris sur la selle, la femme pourrait éprouver un plaisir sexuel, « une effervescence…une surexcitation lubrique…un accès de folie sensuelle ».

Heureusement les mentalités ont évolué depuis et les pédaleuses continuent bien entendu à perpétuer la race humaine.

Toutefois, malgré l’avènement du féminisme, le monde du cyclisme éprouve encore de la difficulté à mettre les
hommes et les femmes sur le même pied. À preuve, les vendeurs de vélo qui proposent à la gent féminine de lourds vélos hybrides aux larges pneus, avec petits papillons roses. Autrefois accusée de faire du vélo de jouissance, la femme serait-elle aujourd’hui destinée à faire du vélo de plaisance ?

Ce n’est que depuis peu que les fabricants proposent des vélos spécialement conçus pour la physionomie féminine et intégrant diverses améliorations telles que guidons plus étroits, selles spécifiques et leviers de freins et de vitesse mieux adaptés aux petites mains. Ils ont enfin compris que les femmes ne sont pas des hommes de petites tailles et que nombre d’entre elles désirent aller vite, se renforcer, bref, faire du vélo de performance.

Équipe féminine des Défis du Parc national de la Mauricie

Ayant constaté que les épreuves cyclosportives accueillent très peu de femmes (de 8 à 10 % des inscriptions),

L'équipe féminine en action lors de l'édition 2015 des Défis du Parc. Crédits: Olivier Croteau

L’équipe féminine en action lors de l’édition 2015 des Défis du Parc. Crédits: Olivier Croteau

Marie Josée Gervais, directrice des Défis du Parc, décide de changer les choses et, avec la précieuse collaboration de la Dre Chantal Guimond, met sur pied en 2012 une équipe toute féminine. Seulement 35 sur la ligne de départ la première année, elles seront 275 à gravir en 2016 les 44 côtes réparties sur les 105 km de l’une des épreuves cyclosportives les plus difficiles au Canada.

Des femmes de tous les horizons et de tous les âges (17 à 65 ans) relèveront de nouveau le défi cette année. Neuf mois d’entraînement à concilier travail, famille et sport, à apprendre à se dépasser, à se faire confiance et à surmonter son sentiment de culpabilité. Mais aussi à vaincre ses peurs, peur de rouler en peloton, de rouler dans la roue du cycliste qui précède, de tomber « clipsée » à son vélo.

Nombre d’entre elles partent de zéro, s’inscrivent sans même posséder de vélo performant. « Des filles bien ordinaires qui veulent prouver qu’elles sont capables de faire quelque chose d’extraordinaire » souligne l’encadreuse Nathalie Massicotte.

Le vélo est donc toujours un objet d’émancipation pour la femme. Pédaler lui offre la possibilité de prendre soin d’elle et des siens, de développer de saines habitudes de vie et de s’offrir des échappées loin de la maison, du conjoint, des enfants, du patron… Encore aujourd’hui, les femmes découvrent sur leur vélo une nouvelle liberté.

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