Par Jacynthe Laing, mars 2017

Jacques Goldstyn… Ça ne vous dit rien ? Vous le connaissez peut-être sous le pseudonyme de Boris, car ses caricatures animent les pages de La Gazette. Tous les chemins mènent à Rome, et un géologue peut devenir bédéiste. Il suffit d’un don, d’un directeur d’école qui dit : « Tu ne mettras pas beaucoup de beurre sur ton pain » et de faire confiance au destin.

Goldstyn a retroussé ses manches et a étudié les sciences pour devenir géologue, sans toutefois abandonner le dessin, suivant en cela les traces d’un collègue ingénieur qui avait quitté le métier pour devenir journaliste au magazine Les Débrouillards. À la demande de ce collè- gue, il a commencé à dessiner pour cette publication. Et petit à petit, d’autres magazines se sont ajoutés, tels Québec Oiseaux et Science pour tous. Le nom Goldstyn étant difficile à écrire, il choisit le pseudonyme de Boris, inspiré du caricaturiste russe Boris Fetisov (mort à 100 ans). Il désirait aussi distinguer ses œuvres destinées au grand public de celles s’adressant à de jeunes lecteurs.

Bédéiste prolifique, Boris aime créer pour des publications engagées, comme La Gazette et Relations. Il savoure la liberté que lui procurent ces périodiques. « C’est le seul endroit où tu peux dessiner ça. On ne me refuse rien de ce que je veux publier », souligne Goldstyn. Il est conscient de la chance inouïe qu’il a puisqu’il peut être difficile de trouver un endroit pour se faire publier quand on est caricaturiste. Il invite d’ailleurs les jeunes dessinateurs à soumettre leurs caricatures politiques à des journaux avant-gardistes comme La Gazette.

Naviguer dans l’univers de la caricature est aujourd’hui périlleux. Goldstyn se rappelle que, dans les débuts de la revue Croc, l’équipe pouvait faire n’importe quoi sans qu’il y ait de conséquences. Maintenant, certains de ces dessins seraient simplement impubliables.

Pour lui, une bonne caricature passe l’épreuve du temps. Il aime bien regarder celles qui, même après 10 ans, sont toujours d’actualité. « L’arrivée au pouvoir de Donald Trump s’avère d’ailleurs une période bénie pour les caricaturistes », souligne-t-il avec enthousiasme.

Il voue une réelle admiration à Guy Delisle, un bédéiste Québécois résidant en France. Dans ses albums, Delisle raconte ses séjours en pays étrangers, des histoires qui sortent des sentiers battus. Goldstyn aime particulièrement les Chroniques birmanes de cet auteur. Une autre de ses bandes dessinées favorite est Maus (qui signifie «souris» en allemand) d’Art Spiegelman.

Avis aux intéressés : Jacques Goldstyn (Boris) sera au Salon du livre de Trois-Rivières le 25 mars prochain, de 11 h 30 à 13 h en dédicace au stand des éditions La Pastèque. On pourra aussi l’écouter en entrevue, en compagnie d’autres illustrateurs, au même endroit, de 14 h 45 à 15 h 45. À 16 h, il fera la lecture d’un texte sur les prisonniers d’opinion dans le cadre de l’activité Livres comme l’air.

Le directeur d’école avait bien raison, Goldstyn ne met pas beaucoup de beurre sur son pain. Il y met plutôt de la confiture.

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