Par Lauréanne Daneau, avril 2017

L’adage disant que la solution à la pollution est la dilution illustre trop bien la façon dont est gérée la qualité de l’eau du majestueux fleuve Saint-Laurent, un phénomène qui s’observe particulièrement dans la portion de la Mauricie grâce à la présence du lac Saint-Pierre sacré Réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO.

Le lac Saint-Pierre, où l’eau du Saint-Laurent est décantée, possède des caractéristiques exceptionnelles. Agissant tel un rein, le lac filtre les eaux fluviales qui deviennent nettement plus belles au moment de passer sous le pont Laviolette.

Des eaux hétérogènes

Il existe dans le lac Saint-Pierre trois principales masses d’eau qui s’écoulent sans vraiment se mélanger qui illustrent les variations possibles quant à la qualité de l’eau. Celle de la rive nord est alimentée principalement par les eaux de la rivière des Outaouais (19 %), tandis qu’au centre s’écoulent celles en provenance des Grands lacs (70 %). La masse sud, quant à elle, se compose des eaux des rivières Richelieu, Yamaska et Saint-François dont la contribution équivaut de 20 à 30 % de l’eau du lac Saint-Pierre.

Comme les analyses d’eau du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques se font essentiellement dans la masse d’eau centrale où le débit est très fort, les données révèlent une qualité d’eau relativement bonne. Or, le problème de pollution se situe dans les zones peu profondes où l’eau séjourne plus longtemps.

Malheureusement, les données concernant l’état des eaux du littoral sont insuffisantes, ce que déplorent Louise Corriveau et Mylène Vallée, respectivement directrices des Comités des Zones d’intervention prioritaires (ZIP) du lac Saint-Pierre et Les Deux Rives.

Ces images illustrent les trois principales masses d’eau qui s’écoulent dans le lac Saint-Pierre. Source : http://www.eauxdevies.ca/francais/html/section30/index.html

Le «Flushgate» de Montréal

Les cas de rejets des eaux usées dans le fleuve représentent un défi de taille au Québec, en raison d’infrastructures et de règlementation déficientes. Lorsque la Ville de Montréal a annoncé en octobre 2015 devoir déverser 8 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve pour réaliser des travaux, elle a alors soulevé l’ire de la population face à cet épisode appelé « Flushgate ». Pourtant, bien qu’elle ait été présentée comme une «mesure exceptionnelle», cette pratique est courante et se produit de 15 à 20 fois annuellement lors de fortes pluies (surverse).

Par ailleurs, à l’instar de nombreuses municipalités québécoises, la Ville de Montréal effectue une filtration des solides seulement puis rejette des eaux traitées mais non désinfectées dans le fleuve. Peut-on vraiment s’étonner ensuite d’apprendre qu’au lac Saint-Pierre, les biologistes observent plus de 6 000 coliformes fécaux par 100 ml d’eau, soit le niveau maximal de détection ? À titre informatif, au-delà de 200 coliformes fécaux par 100 ml d’eau, la baignade est interdite.

Une mobilisation élargie

Soulignons que les Comités ZIP coordonnent depuis quelques années des tables de concertations régionales visant à impliquer un maximum d’intervenants concernés par le fleuve, citoyennes et citoyens comme scientifiques, afin de produire un plan de gestion intégré du territoire. Les enjeux de la qualité d’eau et de l’accès au fleuve se trouvent en tête de liste.

Sources :

http://www.eauxdevies.ca/francais/html/section30/index.html

http://www.zip2r.org/

http://comiteziplsp.org/

http://quebec.huffingtonpost.ca/jean-patrick-toussaint/flushgate-montreal-pointe-iceberg_b_8257500.html

http://planstlaurent.qc.ca/fr/gestion_integree/tables_de_concertation_regionales.html

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